Fenêtre de temps

Par tags

Par catégorie

  • Toutes

OUVERTURE D’UN DEUXIÈME FRONT: OPÉRATION NORMANDIE ET OPÉRATION «BAGRATION

Partie 1


Parmi toutes les dates de la II GM, la date du débarquement du 6 juin 1944, qui marque l’ouverture d’un 2ème front par l’opération Normandie («Overlord»), est l’une des plus connues en Europe. Ce jour-là, 156 000 hommes britanniques, canadiens, américains et d’autres nations ont traversé La Manche pour se déployer sur les côtes en Normandie. Les français ont également pris part au débarquement : un peu plus de 3 000 marins, parachutistes et pilotes y ont participé dans le corps des troupes anglaises ou américaines (pas en tant qu’unités de l’armée française).


Après la défaite franco-britannique de 1940, les britanniques quittent le continent. L’entrée en guerre des Etats-Unis en décembre 1941, va permettre d’entrevoir la possibilité de reprendre pied en Europe. Mais à une condition: la machine de guerre allemande doit être très affaiblie. Cette condition se réalisera si l’URSS tient tête à l’armée allemande et, si en plus, elle l’use de telle sorte que l’ouverture d’un second front à l’Ouest sera facilitée par une résistance moindre. Quand la décision de l’ouverture d’un 2ème front par les alliéеs est prise lors de la conférence de Téhéran (28 novembre – 1 décembre 1943), l’armée soviétique, par des combats acharnés et avec d’énormes pertes et sacrifices, s’oppose presque seule en Europe à la machine de guerre allemande, pendant presque 3 ans. Vers la fin de l’année 1943, l’URSS a déjà perdu 8.7 millions de soldats, tués ou disparus. Tandis que sur le front de l’Afrique du Nord, ouvert en 1942 essentiellement par les britanniques, les pertes s’élèvent à 290  000 hommes (3% des pertes soviétiques).


Fin 1943, l’armée soviétique réussit à faire reculer l’armée allemande vers les frontières de Biélorussie et d’Ukraine (qui toutes 2 font partie de l’URSS). Plus rien ne peut arrêter cette avancée. La possibilité que l’armée «bolchévique» puisse envahir l’Europe devient une réalité. À la demande expresse des Occidentaux pour assurer la réussite de l’ouverture du 2ème front, les Soviétiques s’engagent dans une offensive de grande envergure sur le front de l’Est, concomitamment au débarquement en Normandie pour y fixer le maximum de troupes allemandes et empêcher tous les transferts d’unités de l’Est vers la Normandie.


L’armée soviétique lance son offensive en direction de la Biélorussie, où l’armée d’Hitler ne l’attend pas –l’opération est nommée «Bagration» (22 juin – 19 août 1944), du nom d’un général russe ayant combattu Napoléon. L’URSS déploie de grands moyens pour cette opération: 55 armées, 4,5 millions soldats, 7  500 chars, 20  000 avions (selon les données de l’historien militaire Jean Lopez). Andréas Hillgruber, le plus grand historien allemand de la II GM, fait l’appréciation générale suivante:


« Bagration a changé d’un seul coup et du tout au tout l’ensemble de la situation à l’Est. La dimension de cette catastrophe (…) relègue loin en arrière celle de Stalingrad. Il s’agit (…) de la défaite décisive de l’armée allemande ».


On dénombre 37 000 tués et 163 000 blessés du côté allié lors de la bataille de Normandie (6 juin – 29 août 1944). Sur le front de l’Est, suite à l’opération «Bagration», l’armée russe compte 178 000 tués et 590  000 blessés. L’armée allemande, suite à ces 2 opérations, perd plus d’un million d’hommes: 930 000 tués ou prisonniers sur le front de l’Est et 159 000 hommes sur le front de Normandie (15% des pertes totales allemandes). Le succès de l’opération Normandie a été rendu possible grâce à l’efficacité de l’armée soviétique. Selon l’historien Jean Lopez, Hitler n’a pas pu prélever ses troupes sur le front soviétique pour les utiliser dans la bataille en Normandie: «On peut ajouter, sans crainte de se tromper, que si elles (les forces du front de l’est) avaient été présentes au moment du débarquement proprement dit, ces forces n’auraient pas seulement «compliqué» la tâche des alliés, elles l’auraient rendue impossibles».


À suivre

Partager sur: