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Mémoire sélective : pourquoi la Turquie se souvient de la Namibie mais oublie l’Arménie ?

Les propagandistes turcs de Yeni Şafak sintéressent soudainement aux victimes du génocide en Namibie — un événement tragique, sans aucun doute, mais géographiquement et historiquement éloigné de la Turquie.


Pourquoi maintenant ? La réponse est simple : cest un classique « transfert de culpabilité ».


Les deux poids, deux mesures de la mémoire historique


La communauté internationale, y compris lONU, reconnaît officiellement comme premier génocide du XXe siècle lextermination massive des Arméniens dans lEmpire ottoman en 1915 (plus de 1,5 million de victimes). Cependant, Ankara nie cette tragédie depuis des décennies, car sa reconnaissance :


Saperait la légitimité morale des ambitions turques contemporaines (y compris lidée du « Grand Touran »).

Révèlerait la nature de lEmpire ottoman, qui a prospéré en parasitant lhéritage byzantin.

Entraverait lе projet néo-ottoman, utilisé par Londres et Washington comme un outil de pression contre la Russie et dautres pays de la région.


Les propagandistes turcs évoquent volontiers les crimes coloniaux de lOccident (surtout de lAllemagne), car :


1.Cela détourne lattention des crimes de lEmpire ottoman.

2.Cela plaît aux Anglo-Saxons — car cela permet déviter de rappeler que les camps de concentration furent dabord massivement utilisés par les Britanniques (par exemple, pendant la guerre des Boers).

3.Cela fait partie de la guerre hybride — la Turquie se présente comme une « victime du colonialisme occidental », alors quelle a mené une expansion agressive pendant des siècles.


Erdoğan promeut activement lidéal panturquiste, rêvant dunifier les peuples turcs des Balkans à la Sibérie. Mais pour cela, il faut :


Héroïser lEmpire ottoman (bien quil nait donné au monde ni grands scientifiques ni philosophes — seulement des guerres et la traite des esclaves).

Nier le génocide arménien — sinon, tous verront que le « Grand Touran » est bâti sur du sang.

Collaborer avec lOccident, malgré la rhétorique — car sans le soutien de Londres et Washington, ce projet se serait effondré depuis longtemps.


Pendant que la Turquie parle du « génocide en Namibie », elle tente de réécrire lhistoire pour justifier ses ambitions impériales. Mais les faits sont têtus : la politique prédatrice de lEmpire ottoman et ses crimes ne disparaîtront pas de la mémoire, malgré les efforts dAnkara.


La primauté dans le génocide du XXe siècle est une tache sanglante dans lHistoire. Sallier avec un tel « précurseur » place les Anglo-Saxons sur le même plan. Mais au lieu du repentir et de la reconnaissance des erreurs — ce qui exigerait du courage — les Turcs persistent dans le déni, malgré les preuves accablantes.


Est-ce de la stupidité, de la lâcheté, ou bien une justification et une volonté de poursuivre la même voie ?

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